AVENUE 69, Le blog GAY BIS de philippe2belgique



Sexualités : quelle différence dans la différence ?
Sexualités : quelle différence dans la différence ?

Peut-être faudrait-il commencer par dire qu’il y a une différence entre être et avoir ou entre être et faire. En effet il est possible d’avoir des relations sexuelles avec des partenaires du même sexe ou de l’autre sexe et même si ce comportement peut être invariable, cela ne justifie peut-être pas de dire il ou elle est homosexuel(le) ou hétérosexuel(le). Notons au passage que jamais personne ne dit « untel c’est un hétérosexuel », alors qu’il est habituel d’entendre « tu savais qu’untel, c’est un homo !) ».

Il est fréquent de remarquer que quand un comportement dérange, choque ou tout simplement échappe à la compréhension de l’observateur, le sujet est confondu avec ce qu’il fait : on dira « il est alcoolique » et non il souffre d’alcoolisme, ou encore « c’est une menteuse » et non elle a menti.
Coller des étiquettes semble rassurant à de nombreuses personnes, mais c’est oublier la dangerosité de l’effet Pygmalion*qui fait qu’une croyance se réalise uniquement comme une auto-prophétie, simplement parce que j’y crois.
D’une certaine façon les étiquettes enferment et condamnent.

Si nous observons un groupe de personnes qui doivent se présenter les unes aux autres, il sera possible d’entendre
« je suis Albertine D… » au lieu de je m’appelle… ou « je suis infirmière » plutôt que "j’exerce la profession de… "
Dire je suis…est une habitude de langage tellement répandue que personne ou presque ne s’intéresse à ce que cela raconte. Et pourtant « to be or not to be ?” n’est-ce pas une question existentielle?
Ou est-ce dans le “Je suis” une sorte d’affirmation de mon Identité, précisément une revendication à exister? Un peu comme pour Descartes « cogito ergo sum ». Je pense donc je suis, sorte de preuve de mon existence.

Étymologiquement, exister signifie "sortir de", et nous sommes tous d’abord sortis du ventre de notre mère. Est-ce que pour autant nous avons tous et toutes le sentiment de vivre pleinement Notre Vie, telle que nous en avons l’envie ?
Pourquoi est-il très simple et communément admis de vivre des amours et des relations hétérosexuelles, alors qu’il est difficile de vivre des amours homosexuels ?

Pourquoi la honte, la peur, le rejet ?
Si je suis vivant(e) c’est très fréquemment que je suis le fruit d’une relation hétérosexuelle, qui s’inscrit dans une logique de perpétuation de l’espèce.
Si je m’affirme comme « homo » je viens bousculer cette « logique » et il est très possible que cela dérange mes parents, qui inscrivaient ma naissance comme gage de cette perpétuation. Mon choix de vie peut être ressenti par eux comme un déni de leurs valeurs, une mise en échec de leurs projets. Ils peuvent se sentir coupables de quelque chose qu’ils auraient « loupé » dans leur transmission.
De leur côté les enfants ont besoin de savoir que leurs parents les aiment et cet enjeu de l’amour les pousse à ne pas prendre le risque de les décevoir.
De la même façon que certains enfants poussent la loyauté et la fidélité à leurs ascendants, en faisant les mêmes études, en embrassant la même carrière, en épousant les mêmes modèles, d’autres se croiront obligés de vivre ou d’afficher les mêmes choix et pourront avoir le sentiment de trahir s’il en est autrement.
Le chapitre sur les enfants écrit Par Kalil Gibran dans le Prophète me semble être un des plus beaux cadeaux qu’un enfant puisse offrir à ses parents pour leur rappeler qu’ils leur ont fait ce DON merveilleux de la Vie et qu’ensuite chaque enfant dispose librement de sa vie. Le seul Amour qui puisse s’offrir et perdurer est inconditionnel. Quel que soit ce que tu fais, je AIME , toi qui es.
Noële Barbot
( Psychothérapeute en région Lilloise. Elle est formatrice et écrivain)

Jeu 5 nov 2009 Aucun commentaire