AVENUE 69, Le blog GAY BIS de philippe2belgique

Un article(de Têtu) assez interpellant:

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FRANCE:
«Les petits homos qui crèvent dans la rue, tout le monde s’en fout»


INTERVIEW. Jean-Marie Périer publie «Casse-toi!», livre dans lequel il recueille des témoignages de jeunes homos mis à la rue, est sorti cette semaine. Le célèbre photographe nous fait part de son émotion à la découverte de leurs histoires.



Jean-Marie Périer (au centre), avec un militant de l'association Le Refuge et le livre «Casse-toi!».


Dans Casse-toi, Jean-Marie Perrier, le célèbre photographe des années Salut les copains, recueille les témoignages de neuf ados, mis à la porte de chez eux parce qu'ils sont homos. But de ce livre-coup de poing: enfin attirer l’attention sur ces drames. Rencontre.


TÊTU: Comment ce livre est-il né?

Jean-Marie Périer: J'ai lu un article sur l’association le Refuge, qui recueille des jeunes mis à la porte de chez eux parce qu’ils sont homos. Je n’avais aucune idée que cela puisse exister. J’ai voulu lancer une bouteille à la mer et faire connaître cette association qui a besoin d’argent. Comme je ne suis pas homosexuel et que les gens me connaissent depuis les années 60, je me suis dit que le message pourrait passer. Ce livre est destiné au grand public, à tous les gens non concernés. Pour ceux qui connaissent le problème, il enfonce des portes ouvertes. Mais pour beaucoup, les portes sont bien fermées. Et je me rends compte que les petits homos qui crèvent dans la rue, personne n'en a rien à foutre. C’est ce qui me révolte: dès que l’on parle d’une association qui recueille des ados, tout le monde compatit; s’ils sont homos, tout le monde s’en tape. Une assistante sociale a par exemple dit à un gosse à la rue: «Trouvez vous un vieux dans le Marais». C’est effrayant.

Si chaque histoire est différente, les parcours des ados que vous avez rencontrés comportent de nombreux points communs…

La plupart de leurs familles sont très ancrées dans la religion et la tradition, qui leur a bousillé l’esprit. Elles considèrent les homos comme de dangereux déviants, leur enfant devient d’un coup une sorte d’elephant man. L’homosexualité est pour elles intolérable.

Dans la rue, chacun des jeunes a été confronté aux mêmes problèmes, à la violence, à la mendicité. Beaucoup sont tombés dans la drogue et ont dû se prostituer. Ce parcours est malheureusement classique. Comment peut-on s’en sortir quand on se retrouve, du jour au lendemain, SDF à 15 ans? Ils gardent d’ailleurs tous un souvenir très précis de leur première nuit dehors.

Après de telles descentes aux enfers, dans quel état d’esprit sont ces jeunes?

Je pense qu’ils s’en sortiront, ils ont des projets, des envies. Eux ont fait le chemin, ils ont contacté l’association au bon moment. Mais ils ne sont que la partie immergée de l’iceberg, ce sont tous les autres, qui sont sans doute des milliers, qui m’inquiètent. Mais ces mômes pensent comme des adultes qui ont déjà tout vécu, ils ont commencé par la fin. Ils ne sont plus capables d’aimer, ni même de faire confiance. L’autre est l’ennemi. A partir du moment où vos parents vous renvoient et vous trahissent, on ne peut plus avoir confiance en personne.

Qu’est ce qui vous a le plus marqué dans ces rencontres?

Une extrême violence. Ces mômes sont en danger: l'un, son père veut l’égorger, l’autre lui tirer dessus, un autre l’enterrer vivant. Ce sont des parcours qui comptent des problèmes sociaux très graves. Mais une histoire m’a encore plus effrayé, celle d’une jeune fille qui n’est pas menacée de mort. C’est à cause du silence qui s’installe entre elle et sa famille qu’elle se retrouve à la rue. C’est une histoire sans histoire, qui se termine comme les autres, dehors. Le non dit s’installe et c’est terminé. On l’a niée. Ce sont sans doute les cas les plus nombreux.


Dans le livre, vous vous positionnez souvent en tant que père. Quel regard portez-vous sur ces parents?

Je ne veux pas les juger, mais je ne les comprends pas du tout. Quand on met des gosses au monde, la moindre des choses est de les aider à vivre ce qu’ils veulent, quoi qu’ils veulent. Mais je ne voulais pas aller les voir, leurs vies ne m’intéressent pas. C’est un livre de parti pris et de mauvaise foi, qui vient des tripes. Je suis du côté des mômes.

Jean-Marie Périer, Casse-toi!, Oh éditions, 14,90€.

 

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Lun 15 fév 2010 Aucun commentaire