AVENUE 69, Le blog GAY BIS de philippe2belgique
«Mithly»:
la revue gay qui bouscule le Maroc
C'est une première en Afrique: un magazine gay mensuel vient de paraître au Maroc, accessible sur internet, mais aussi en version papier, vendue clandestinement dans le pays. Une vraie révolution dans ce pays où l'homosexualité est encore punie de prison.
Beaucoup ont d'abord cru qu'il s'agissait d'une blague lorsque, le 1er avril, est paru le premier
magazine homo du monde arabe. «Mithly» est un jeu de mots : le titre signifie à la fois «homo» et «comme moi» en
arabe.
La publication qui fait figure de véritable révolution dans les milieux des activistes libertaires se passe sous le manteau. La version papier a été tirée en
200 exemplaires, imprimés à Rabat, en toute clandestinité.
A l'origine, Samir Bargachi, coordinateur général de Kif-Kif, l'association de défense des LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transexuels) marocains. L'éditorialiste de Mithly raconte : «C'était tout simplement impossible d'obtenir un numéro de dépôt légal et une autorisation de publier.»
5 000 homosexuels auraient fait de la prison depuis
l'indépendance
L'article 489 du Code pénal marocain punit de six mois à trois ans d'emprisonnement et d'une amende «les actes licencieux ou contre nature avec un individu du même
sexe». Selon l'association Kif-Kif basée à Madrid, plus de 5 000 homosexuels auraient ainsi purgé des peines de prison depuis l'indépendance du Maroc en 1956.
C'est sur le site Internet de
Mithly que les fondateurs du mensuel misent pour toucher un plus grand lectorat. Le support en
langue arabe est financé par l'Union européenne et, à but non lucratif, il a pour objectif d'apporter une note arc-en-ciel dans espace médiatique ultra-stigmatisant.
Selon ses initiateurs, Mithly est avant tout un espace d'expression pour une communauté en souffrance. Une catharsis salutaire pour une frange de la
population persécutée à la fois par l'Etat et par les conservateurs. Dans la presse arabophone, un homo est communément appelé «Chaddh» (pervers). Seules quelques voix isolées insistent pour
utiliser le terme «Mithly», au risque de passer pour des chantres de la dépravation.
D'ailleurs, l'arrivée de la publication est vécue comme une calamité par les conservateurs, un signe de la fin des temps. Pourtant, point d'éphèbe qui pose
nu, ni d'imagerie homosexuelle explicite, juste du texte et quelques discrètes illustrations.
Un complot pour «homosexualiser» le Maroc ?
Au sommaire : coming-out, journée mondiale de la femme, essais littéraires, nouvelles de la communauté gay dans le monde et un édito analysant le projet de
société défendu par les islamistes légaux du Parti justice et développement (PJD).
A la fin mars, une polémique homophobe battait déjà son plein sur les colonnes d'Attajdid, organe arabophone du parti islamiste. Les tenants de la polémique,
qui se définissent pourtant comme des islamistes modérés, dénoncent le fait que la star britannique Elton John soit l'invitée d'un festival de musique de la
capitale. Ils y voient un complot pour «homosexualiser» le Maroc.
L'arrivée de Mithly donne le coup de grâce. Le vice-président du Mouvement unicité et réforme (MUR islamiste), Omar ben Ahmed, a exhorté le pouvoir
marocain à traquer les «cellules dormantes» de l'homosexualité comme il le ferait avec leurs analogues terroristes. Un article d'Attajdid confirme l'appel à sévir : «Porter atteinte aux valeurs des Marocains n'est pas moins grave que de porter atteinte à leur sécurité», selon le quotidien.
Emboîtant le pas au cardinal Tarcisio Bertone, Mustapha Ramid, avocat et parlementaire du PJD proche des cercles du pouvoir, fait porter la responsabilité de la pédophilie à l'homosexualité. Des propos qui ne scandalisent presque personne au Maroc, où un large consensus entre Etat et religieux de tous bords, fait peser la plus lourde inquisition sur tout acte susceptible d'égratigner la morale publique.
«L'Etat et les fondamentalistes, même combat»
En 2009, l'ancien ministre de l'Intérieur Chakib Benmoussa, diplômé de Polytechnique, des Ponts et Chaussées de Paris, et du MIT de Boston, avait qualifié
l'homosexualité de «comportement honteux, provoquant l'opinion publique et ne tenant aucun compte des valeurs religieuses de la société.»
Samir Bargachi réplique : «Nos ennemis sont l'Etat et les fondamentalistes, eux-mêmes rivaux. Mais lorsqu'il s'agit de notre communauté, ils travaillent de
concert.»
En effet, si l'Etat marocain, soucieux de son image de modernité et d'ouverture auprès de ses partenaires européens, fait valoir la présence de fondamentalistes pour se proclamer «rempart contre les islamistes», sa gestion des affaires relatives aux libertés individuelles laisse pour le moins dubitatif.
En 2007, à Ksar-el-Kébir, au nord du pays, la presse à scandale se saisit d'une soirée privée pour dénoncer une cérémonie de «mariage homosexuel». Un lynchage en règle est orchestré, six hommes sont poursuivis pour violation de l'article 489 et condamnés pour «perversion sexuelle».
Un peu plus au sud, dans la région de Meknès, durant les festivités annuelles du saint patron Sidi Ali Benhamdouche, réputées pour être un rendez-vous de la
communauté gay, la gendarmerie royale se livre chaque année à des rafles dignes d'un autre âge. Un barrage est dressé à l'entrée de la ville, un simple délit
de faciès suffit pour déterminer qui est homosexuel et qui ne l'est pas.
D'ailleurs, l'association Kif-Kif est née de l'effort de mobilisation pour le soutien de 42 homosexuels arrêtés en 2004 lors d'une soirée à Tétouan, dans le
nord du pays. De droit espagnol, l'association a officiellement demandé sa reconnaissance auprès du ministère de l'Intérieur marocain en 2006. Sa requête est restée lettre morte.
Dans son prochain numéro, Mithly brisera un autre tabou en consacrant un dossier au taux de suicide très élevé dans les
rangs des homosexuels marocains.
Je fais un choix dans les infos, et cet article, à pour moi une certaine importance. Avenue69 c'est du plaisir, mais avec le plus: des infos, des photos, vidéos, et c'est mon blog que je partage. À vous tous, merci de mettre un commentaire.
philippe2belgique
chér Philippe2Belgique.
pérmettez-moi de me mettre à genou et de m'incliner devant vous pour cet article et pour l'interet que vous donnez aux homosexuels et particulièrement ceux du maroc dont je fait partie.j'ai entendu parler de cette revue et j'ai cru que c'était le poisson d'avril le plus drole,et grace à vous je sais maintenant que c'est du vrai,...merci pour les liens de cette revue et je n'oublierai jamais votre bienfaisance.et merci d'avoir pensé au gays marocains.
je vous suis reconnaissant.
éros du maroc...(omar Rami).