Un article de yagg:
Pierre et Serge, un couple gay français,
se sont dit oui à Toronto!
(photos+vidéo)
Souvenez-vous, le mois dernier nous vous annoncions qu’un couple de Français prévoyait de partir se marier à Toronto au Canada, dans le but de faire ensuite
reconnaître leur union en France – quitte à ce que cela prenne du temps – et de faire ainsi avancer les droits LGBT. Une façon
pour eux de donner un grand coup de pied dans la fourmilière. Ils nous confiaient alors, lors d’une rencontre exclusive et émouvante, leur histoire d’amour, leurs conseils pour mener une
telle démarche, et leur espoir, inébranlable
VENDREDI 16 AVRIL, 16H…
C’est aujourd’hui chose faite! Vendredi dernier, 16 avril, à 16h, dans une wedding chamber (salle de mariage) au 3e étage du City Hall de Toronto, Pierre et
Serge (dans cet ordre sur la photo) ont enfin échangé leurs vœux.
Ils avaient atterris de l’autre coté de l’Atlantique deux jours plus tôt. Juste le temps pour eux de procéder aux derniers préparatifs: essayage de costumes, shopping de dernière
minute; et de passer à la mairie pour les dernières formalités administratives pour l’obtention de la licence de mariage.
UN FAIRE-PART DANS “LIBÉRATION”
Le jour J, les familles des jeunes mariés, restées en France, les ont soutenus comme elles le pouvaient. Et ont fait paraître dans Libération le
faire-part suivant: “Mesdames Ellen Higginbottom et Françoise Billy sont heureuses d’annoncer le mariage de leurs fils Pierre Rouff et Serge Falcou le vendredi 16
avril à Toronto, Canada”.
Sur leur blog, qu’ils alimentent
quotidiennement de conseils et d’expériences personnels, ils tiennent à tout partager avec leurs familles, qui n’ont pas pu faire le déplacement: leurs premières
impressions, leur stress, leur joie, et échangent des “il fait un temps magnifique, nous sommes chanceux!” ou des “c’était très émouvant et nous allons faire la fête ce soir”.
Quatre jours après l’événement, à peine remis de leurs émotions, les jeunes mariés se confient dans une nouvelle interview exclusive à Yagg:
Pierre: Si pendant les semaines précédentes, j’étais stressé par mon mariage, car il s’agit bel et bien d’un engagement l’un vis-à-vis de
l’autre, j’étais plutôt zen le jour-même et les suivants…
Serge: J’étais, pour ma part, très stressé le matin-même par ce tournant important dans ma vie, puis très ému pendant la cérémonie au moment
de dire les phrases rituelles. Les choses ne se passent pas exactement comme en France, mais reviennent en substance au même. Par exemple, à la demande de l’officiant, c’est en joignant nos mains
et en les maintenant ainsi, que l’on affirme que rien ne s’oppose au mariage en cours. Par ailleurs, on ne répond pas par “oui” à une question posée, mais on déclare, ici en anglais, en répétant
les phrases dites par l’officiant, que l’on veut épouser son mari “pour le meilleur et pour le pire, dans la richesse et la pauvreté, et dans la santé et la maladie”.
P: L’accueil fut de la part des Canadiens sincèrement chaleureux, et sortir de la guest-house en tenue de mariage jusqu’à l’hôtel de ville
fut un moment très agréable, avec des sourires, des félicitations…
S: Ce qui nous a impressionné c’est qu’ici, “a same sex marriage” (mariage de couple de même sexe) semble tout naturel dans la rue et à la
mairie. Tout est simple, normal et facile. Un certain nombre de Canadiens, gay et non-gay, était persuadé que le mariage pour les homosexuels était autorisé en France, pour eux patrie des droits
de l’Homme. Ils s’attendaient donc à ce que cela évolue plus rapidement.
P: La simplicité des rapports avec l’administration, leurs félicitations, me montrent combien l’État français, et nos hommes politiques sont
plus enclins à servir une idéologie, une vision d’une société qui n’est plus, qu’à servir les gens qui composent l’ensemble de la société. Le pragmatisme des Canadiens leur permet une grande
ouverture d’esprit et le respect des individus dans leur ensemble.
Le fait de se trouver dans ce pays pour se marier me montre à quel point nous vivons dans un pays où les lois, et leurs représentants, font preuve d’homophobie. Cela n’apparaît pas immédiatement,
nous pouvons nous pacser, et avons un certain nombre de droits, mais vivre quelques jours ici, m’a permis de voir à quel point nous sommes loin de toute égalité.
S: Je suis maintenant très heureux d’être marié à Pierre et j’espère que ce mariage sera reconnu en France dans un délai pas trop important.
P: Le mariage est en soi une étape importante pour notre vie de couple. C’est un engagement vis-à-vis de l’autre mais aussi de notre famille,
de la société, une preuve de notre attachement l’un à l’autre.
Notre lune de miel à Niagara Falls (Chutes du Niagara) est également un moment de réflexion, sans les enfants, sans pression par rapport à notre travail ou environnement, juste l’un pour l’autre.
C’est une étape importante, pour envisager le futur, et continuer à construire notre couple et notre amour l’un pour l’autre.
Du fait de l’impossibilité de fêter notre mariage en France, ni de pouvoir amener nos familles ainsi que nos amis au Canada, nous avons choisi d’utiliser internet afin de partager nos émotions et
nos sentiments avec ceux que nous aimons.
S: J’ai pris à cœur de travailler sur le site directement du Canada afin que toutes les personnes restées en France puisse “participer” à ce
mariage malgré l’éloignement. Il me semble malgré tout nécessaire de faire une fête en France afin de partager à retardement ce moment intense avec les gens que j’aime.
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