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Querelle
Reprise par Carlotta Films - Sortie nationale le 14 octobre 2009
Un film de Rainer Werner Fassbinder
Avec Brad Davis (Querelle), Franco Nero (le lieutenant Seblon), Jeanne Moreau (Lysiane), Laurent Malet (Roger), Hanno Pöschl (Robert/Gil), Günther Kaufmann (Mono), Burckhard Driest (Mario),
Dieter Schidor (Vie), Roger Fritz (Marcellin), Hilmar Thate (le narrateur).
Durée : 1h35
Sortie en France, le 8 septembre
1982
Synopsis
Dans une atmosphère chargée de sensualité, le jeune et séduisant marin Querelle débarque à Brest. Le port devient le théâtre d'un jeu morbide et fascinant
où se tissent des rapports d'amour et de haine dont Querelle est à la fois l'instigateur et le jouet. Inspiré du roman « Querelle de Brest » de Jean Genet,
ce film est une oeuvre envoûtante et fantasmatique, à l'image de son modèle.
Ce film est un mythe cinématographique. "Querelle", l'histoire du matelot assassin si beau qu'il fait évanouir officiers et policiers, si lâche et si
traître qu'il livre tous ses amis, intéressé par lui seul, mortel et sublime.
« Toute sa jeunesse il avait fréquenté les dockers et les marins de la marine marchande. Il était à son aise dans leur jeu. » (Jean Genet)
« Ce regard sévère parfois presque soupçonneux, de justicier même, que le pédéraste attarde sur un beau jeune homme qu'il rencontre, c'est une brève mais intense méditation sur sa propre
solitude » (Jean Genet)
Avis sur le film
Au mois de mars 1982, en l’espace de trois semaines, Rainer Werner Fassbinder tourne Querelle, en anglais et entièrement en studio : ce sera son dernier
film, puisqu’il meurt quelques jours plus tard (le 10 juin) sans pouvoir en superviser le montage.
Le réalisateur y réunit Jeanne Moreau et deux acteurs hautement fantasmatiques pour la communauté gay :
Brad Davis (protagoniste quatre ans plus tôt de Midnight Express) et Franco Nero (le mythique interprète de Django et
de nombreux autres héros virils).
Le film est l’adaptation d’un roman de Jean Genet, Querelle de Brest : Querelle, beau marin qui ne laisse pas insensible son supérieur, le lieutenant
Seblon, débarque sur le port de Brest ; dans un bordel, Querelle retrouve son frère Robert, auquel le lie un étrange rapport qu’une désespérée et violente tentative de reconnaissance
réciproque.
Et la perturbante découverte de la fascination que peut susciter le pouvoir économique et politique, incarné dans le film par le policier Mario (Burkhard
Driest). D’autre part, à travers le rapport avec Gil, qui à l’instar de Robert est interprété par Hanno Pöschl, Querelle découvre la possibilité de l’amour. C’est Gil son vrai jumeau. Gil
atteint (par l’assassinat d’un de ses collègues, puis en assumant la responsabilité du meurtrede Vic), cette grandeur nécessaire pour que le criminel Querelle puisse se reconnaître en lui et
l’aimer comme sa propre image finalement trouvée dans l’autre. Et aussi le trahir en le livrant à la police : « Each man kills the thing he loves », selon les vers d’Oscar Wilde que
Lysiane/Jeanne Moreau chante dans le film.
Après avoir métaphoriquement « tué » celui qu’il aime, Gil, en le livrant à la police, il ne reste plus à Querelle qu’à accepter l’amour et la protection
de Seblon.
Cette relation finale n’est plus une admiration narcissique du semblable, mais représente l’acceptation du différent. Finalement, après avoir risqué de le
perturber fatalement,
Querelle quitte un monde dont les mécanismes bien huilés ont repris leur rythme habituel.
Lysiane relit les cartes, et découvre avec soulagement qu’elle s’était trompée. Querelle n’est pas le jumeau de Robert. Elle rit. Rien ne menace plus
l’ordre des choses.
Querelle est comme un Bildungsroman qui dérange, en mettant en jeu des parties contradictoires du Moi, en les agitant, en les remélangeant.
C’est un film utopique. Il reconnaît le danger subversif que constitue pour la vie fausse qu’on mène une identité qui n’est pas déjà donnée, mais
constamment en mouvement, et qui se décline à travers le désir, le plaisir et la douleur. Probablement la force politique du film a-t-elle été annulée, dans la réception qu’il a eue, par les
aspects pop de la mise en scène fassbindérienne.
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