Elève libre

Jonas, seize ans, vit un nouvel échec scolaire et pense pouvoir tout miser sur le tennis mais il échoue aux portes de la sélection nationale. Il rencontre Pierre, un trentenaire, qui touché par sa situation, va le prendre en charge. Fort de ce lien privilégié, Jonas abandonne l'école publique.

Après NUE PROPRIETE, le belge Joachim Lafosse revient avec une oeuvre déconcertante, s'attaquant à l'éducation à la manière d'Haneke, froide et implacable. Ce jeu d'éducation sexuelle vire à la perversion et le maitre devient bourreau, l'élève victime. Frôlant le thème de la pédophilie, le réalisateur dresse un tableau ambigu. Les adultes parlent de sexe à table, en mangeant, pour que l'enfant de 16 ans puisse progresser dans sa pratique, allant même jusqu'à donner l'exemple en pratiquant à leur tour. Les barrières du privé, de l'intime, de l'école, du public sont brisées. Les situations de fellation, les dialogues crus, sont tellement inatendues qu'elles font rire au départ par leur effet choc, avant de glacer par leur perversion et le malaise qu'elles provoquent. Comme Haneke dans "Funny Games", le réalisateur nous rend complice des manipulateurs, pour mieux nous rendre compte des ficelles du jeu macabre. Son point de vue alterne entre celui des bourreaux et celui de la victime. Même si aucune violence n'émerge au sens premier ici, il s'agit d'un film choc par sa thématique, qui aborde avec complexité et pédagogie des thèmes avant de les employer avec radicalité en allant jusqu'au bout des situations.

LE FILM: