DANS LE VESTIAIRE DES FILLES. L'ancien judoka n'est pas une tapette, mais
Navratilova fait pleurer Agassi.
CHRONIQUE. L'ancien champion de judo
devenu député David Douillet assure ne pas être misogyne. Enfin si, mais comme «tous les hommes. Sauf les tapettes!» Et Andre Agassi que Martina Navratilova fait pleurer, il est misogyne ou
pas?
Petite devinette. Qui a dit: «Pour moi, une femme qui se bat au judo ou dans une autre discipline, ce n'est pas quelque chose
de naturel, de valorisant»? Bravo, vous avez gagné, c'est David Douillet! Ah oui, c'est vrai, il s'agit d'une phrase sortie de son contexte, extraite
d'un livre déjà vieux, paru en 1998… Reste que penser cela ne serait-ce qu'une demi-seconde est en soi affligeant. Alors, l'écrire… Heureusement, l'ancien champion olympique et champion du
monde s'explique plus en détail dans cette autobiographie restée trop méconnue jusqu'à ce que le Canard Enchaîné décide d'en sortir quelques «bonne feuilles». La formule consacrée
trouvant là toute sa plénitude. «On dit que je suis misogyne, écrit ainsi le céleste David. Mais tous les hommes le sont. Sauf les tapettes!» Merci, vu sous cet angle, tout s'éclaire.
Les footballeurs ne sont pas des
gonzesses
Non, mais c'est vrai. Après tout, le féminin de «assis devant le foot», c'est «debout dans la cuisine», on n'y peut rien. Les hommes sont plus forts que les
femmes, les gars courent plus vite que les filles, les footballeurs ne sont pas des gonzesses et les gonzesses pas des footballeuses. Christine Arron courra le 100 m toujours moins vite que
Ronald Pognon; Roger Federer servira toujours plus fort en première balle que Serena Williams; Lance Armstrong grimpera toujours plus vite que Jeannie Longo les 21 virages de l'Alpe-d'Huez.
Pour autant, un recordman du monde est-il «meilleur» qu'une recordwoman du monde? La question ne se pose pas: elle est idiote.
Cet été, l'équipementier Nike a tenté de se lancer sur ce créneau au travers du challenge «Men vs. Women». L'idée: personne ne gagne à la fin. Enfin, si.
Pour nous, c'est Eva Longoria qui l'emporte haut la main, mais c'est une autre histoire...
Sandrine Soubeyrand plus forte que Lilian
Thuram!
Sinon, si l'on suit la logique du début de cette chronique, une «vraie» fille, ça ne sait pas jouer au foot, hein? Eh bien désolée, mais Sandrine
Soubeyrand, la capitaine des Bleues, n'est visiblement pas d'accord… Sous les yeux de l'intéressé, impressionné et plein de respect, elle a dépossédé l'ancien capitaine des Bleus Lilian Thuram
de son record de sélections en équipe nationale (142). Et Thuram n'est pas le seul non misogyne dans le sport, puisque le sélectionneur de l'équipe de France féminine Bruno Bini a déclaré à
cette occasion: «Sandrine, c'est un seigneur qui a remplacé un seigneur. Je souhaite à tous les entraîneurs d'avoir un seigneur comme elle dans leur équipe.»
Agassi est-il un «vrai» mec et Navratilova une «vraie» femme?
Poursuivons la logique imparable. Les «vraies» femmes ne font pas non plus pleurer les «vrais» hommes, n'est-ce pas? D'ailleurs, les vrais hommes ne
pleurent pas. Alors que fait Andre Agassi dans 60 Minutes sur CBS? Quoi, mais il pleure! Et à cause d'une femme! Oui, enfin… Martina Navratilova… Suivez notre regard… Invité
à s'expliquer à la télévision après avoir récemment reconnu un contrôle positif à la métamphétamine en 1997, l'homme aux huit titres du Grand Chelem n'a pu que difficilement retenir ses
larmes lorsque la journaliste lui a lu les mots durs que Navratilova a eu à son égard. C'est poignant et c'est à découvrir ci-dessous.
C'est qui la «tapette»?
Andre Agassi n'a pas eu de réaction misogyne face à une femme qui se battait dans la même discipline que lui. Il n'a pas dit que ce n'était «pas quelque chose de naturel, de valorisant». Il a
juste dit qu'il aurait aimé un peu de compassion.
Pourtant, souvenez-vous, normalement, «tous les hommes sont misogynes. Sauf les tapettes!». Pense-bête: à partir de dorénavant, utiliser «tapette» comme synonyme de «mec bien». On peut
toujours rêver, non?
Source: Par Myrtille Rambion
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