Le 27 décembre 2009, Steven Monjeza, 26 ans, et Tiwonge Chimbalanga, 20 ans, étaient arrêtés lors de la première cérémonie publique d’union entre deux personnes de même sexe. Dans un pays où les « pratiques contre-natures entre mâles » sont pénalisées, l’affaire n’avait pas manqué de faire grand bruit dans la presse nationale, ainsi qu’elle avait retenu l’attention des médias et gouvernements occidentaux. Les deux hommes ont aujourd'hui été jugés coupables d'"avoir violé l'ordre de la nature" par un tribunal de Blantyre. Le procureur a réclamé une condamnation au maximum prévu par la loi, soit 14 ans de prison. Le juge a suspendu sa décision sur la peine au jeudi 20 mai.
La communauté internationale a averti à maintes reprises les autorités malawites que l’aide publique au développement serait conditionnée par le décision de justice. Quand l'on sait que 40% du budget est assuré par la manne de bailleurs de fonds étrangers, l’enjeu est de taille et a été au centre de nombreuses discussions. Cependant, l’Eglise protestante a appelé à ne pas céder aux pressions et appliqué «le code moral et culturel» du Malawi. Reste à savoir qu'elle sera l'attitude du magistrat qui doit prendre en compte les tensions internes et externes que génère cette affaire.
Enjeux éthiques
Le chantage financier peut certes constituer un moyen de persuasion efficace. Mais qu’en est-il du coût humain pour une population de 12 millions de personnes qui souffre d’une pauvreté extrême? D’autre part, cette pression exercée par la communauté internationale pourrait contribuer a engendré une réaction de fierté ou de défiance. Alors que les pays occidentaux refusent catégoriquement toute forme d’ingérence, les réflexes coloniaux semblent prendre souvent le dessus quand il s’agit de l’Afrique.
Si le Malawi persiste et signe dans la condamnation des hommes, il est plus que probable que le pays doive ensuite faire face à la justice à géométrie variable des pays du Nord. Les sanctions financières ne manqueront alors pas d'exacerber les tensions actuelles. Cela dit, l'instabilité politique provoquée par la détresse sociale n'a jamais été la meilleure garante du respect des droits humains.
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